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Mon Allié Se Transforme : Bilan d'une année de musculation solo à la maison

Il y a un an, face au miroir de ma salle de bain, le constat était sans appel :
le type qui me regardait ne ressemblait plus vraiment à celui que j’avais l’habitude de croiser.

Pendant trente ans, j’ai usé mes genoux sur des tatamis. Rien d’extraordinaire : pas de podiums mondiaux, mais assez de chutes pour savoir qu’un corps en forme est un corps qui rebondit. Or, je n’aurais même pas rebondi sur un matelas gonflable. Le miroir, lui, ne pratique ni l’indulgence ni les euphémismes.

Entre :

  • le divorce qui chamboule tout,
  • les enfants à gérer,
  • le boulot qui ne fait pas de cadeau,
  • les devoirs du soir – un grand merci à mes parents qui font trop souvent 100 % du travail –
  • et cette vie qui file à une vitesse folle,

j’avais tout simplement arrêté de m’occuper de moi, de cet allié précieux qu’est mon corps.

Le poids s’était installé sournoisement, comme une vieille habitude qu’on n’ose plus remettre en question. L’âge aidant, une petite voix commençait à murmurer des inquiétudes que je préférais ignorer.

Deux Haltères de 3 kg et une Révolution Silencieuse

L’inspiration est venue, par hasard, en regardant :

Peu importe ce qu’on peut penser de ces personnes, leur physique m’a tout simplement donné envie de m’en rapprocher un peu, que c’était certainement le moment ou jamais.

La solution, je l’ai trouvée dans la simplicité : deux haltères de 3 kg achetés sur un coup de tête à Decathlon et quelques minutes d’exercices tous les soirs avant de me coucher…

Alors oui, ce n’est probablement pas le moment idéal. Les manuels de fitness crient au sacrilège : on s’entraîne mieux le matin, on évite le late-workout sous peine de sommeil haché.

Mais c’est le seul créneau que la vie me laisse. À 22 h, la maison est calme, je ne dérange personne et l’écran du téléphone cesse enfin. Parfois, il faut faire avec ce qu’on a plutôt que de rêver à ce qu’on aimerait avoir. Comme on dit : on prend la barque qui fuit ; tant qu’elle flotte, on rame.

Les premières séances duraient à peine dix minutes. Des mouvements basiques, sans prétention, juste histoire de réveiller des muscles qui avaient pris l’habitude de dormir.

Et autant le dire tout de suite : même ces 3 kilos ridicules me donnaient du fil à retordre. Trente ans de judo, et je peinais sur des poids qu’un gamin de quinze ans aurait manipulés sans broncher.
L’égo savoure une belle fessée.

Autre piège : l’hyper-discipline. On croit qu’il faut souffrir pour mériter la métamorphose. Je me suis promis l’inverse : finir chaque séance capable d’en faire une de plus. Cette petite marge protège la joie, l’envie de recommencer demain. Les tendons me remercient, et les rendez-vous chez le kiné restent encore un chapitre vierge.

Puis, insensiblement, ces quelques minutes se sont étoffées. Vingt minutes, puis trente, puis parfois une heure entière. Trois fois par semaine au début, puis quatre, parfois cinq. L’exercice me vide un peu la tête et me procure un sommeil bien plus réparateur qu’avant. Il y a encore une belle marge de progression mais c’est là aussi mieux que rien.

Les haltères de 3 kg ont cédé la place à des 5 kg, puis à des 10 kg. Une progression lente mais constante, dictée par cette règle simple. Le lendemain, ça doit potentiellement tirer un peu, mais pas question d’être une larve au boulot non plus.

Un point crucial dans mon fonctionnement : surtout ne pas me mettre de contrainte avec un calendrier. C’est bizarre, mais ce n’est pas mon truc. Dès que je me fixe un planning strict, je perds toute motivation.
L’obligation tue l’envie, alors je laisse faire l’instinct du moment.

Mon Allié Retrouve sa Voix

Le bilan après un an ?
Physiquement, je me sens capable de mieux faire face aux grosses journées. Cette endurance qui me manquait, cette capacité à tenir le rythme sans m’essouffler au premier effort, elle est revenue.
Et puis il y a cet effet inattendu : quand le moral flanche, quand la journée a été difficile, ces quelques mouvements du soir agissent comme un reset mental. Oh, ce n’est pas extraordinaire, mais, c’est déjà suffisant pour moi.

Paradoxe intéressant : j’ai pris 4 kilos alors que j’espérais secrètement en perdre. Pourtant, ce corps me plaît davantage : il est plus dense, plus présent, et même le regard des autres semble différent. Les chiffres sur la balance mentent parfois sur la réalité de ce qu’on ressent.

Les Revers de la Médaille

Car il y en a, bien sûr. Cette souplesse que le judo m’avait donnée s’est évaporée. Mes articulations me rappellent régulièrement que la musculation seule ne fait pas tout. Il faudra que je m’y attelle, que je réintègre des étirements dans cette routine qui commence à bien s’installer.

Les week-ends, je me force au repos. Pas par paresse, mais par prudence. À presque 45 ans, les blessures mettent plus de temps à guérir et la vie ne laisse pas toujours le luxe de la convalescence.

L’Art de Progresser sans se Mentir

Ce qui me frappe le plus dans cette expérience, c’est combien la régularité l’emporte sur l’intensité. Pas besoin de se transformer en Rocky Balboa pour retrouver un corps qui nous ressemble. Juste de la constance, de la patience, et surtout cette capacité à écouter ses limites sans les prendre pour des excuses.

Une année de musculation solo à la maison, ce n’est pas révolutionnaire. Mais dans une vie qui laisse peu de place à soi-même, c’est déjà une petite victoire. Et parfois, les petites victoires suffisent à changer le regard qu’on porte sur son propre corps, sur cet allié précieux.